Le projet du siècle ! C’est ainsi que certains médias marocains qualifient le projet de liaison ferroviaire entre l’Europe et l’Afrique. Après le tunnel sous la Manche, peut-être y aura-t-il un jour un tunnel sous la Méditerranée, via le détroit de Gibraltar qui sépare le Maroc et l’Espagne. Si l’un a été possible, pourquoi pas l’autre, même si la situation financière catastrophique d’Eurotunnel, la société qui gère le tunnel sous la Manche, incite à la prudence ? En tout cas, les choses avancent. Une étape importante a été franchie en juin avec l’annonce par le ministre marocain de l’Équipement et du Transport, Karim Ghellab, de l’achèvement « à 95 % » de la campagne de forages pour l’étude géologique du tracé du tunnel. Une campagne indispensable pour identifier la nature des sols sous-marins.
Actuellement, le projet prévoit la construction d’un tunnel ferroviaire de 37,7 km de long, dont 27,7 km sous la mer. Il comprendrait une, puis, ultérieurement, deux galeries ferroviaires à voie unique et, entre les deux, une galerie de service et de sécurité communiquant avec les galeries principales tous les 340 m. La profondeur maximale du tunnel serait de 340 m sous le niveau de la mer. Le système de transport est similaire à celui du tunnel sous la Manche avec chargement des véhicules (automobiles et camions) sur le train et déchargement à l’arrivée. La capacité annuelle de transport serait de 1,6 million de voitures, 500 000 poids lourds et 16 millions de passagers. Le devis est, lui aussi, impressionnant : 4 milliards de dollars. Actuellement, les gouvernements marocain et espagnol cofinancent les études dont l’achèvement, nécessaire au démarrage des travaux, est prévu pour 2008. Pour ces derniers, une demande officielle de financement a été adressée à l’Union européenne pour ce qui sera sans doute le plus gros chantier sur le continent africain. À ce stade, Bruxelles se contente de souligner l’aspect « positif » du projet, dans la mesure où il permettrait de développer les réseaux de transport euro-méditerranéens.