Article du Figaro du 13/12/2005
La première autoroute ferroviaire est prévue pour mars 2007 TRANSPORTS Entre Luxembourg et Perpignan : les poids lourds pourront voyager sur des trains spéciaux dans un an et demi. C’est le premier test en grandeur nature d’un système de ferroutage sur longue distance.
C’EST comme si c’était fait. Ou presque. En mars 2007, la première autoroute ferroviaire - longue de mille kilomètres - entrera en service entre le Luxembourg et Perpignan, via la vallée du Rhône. « Nous sortons des incantations pour entrer dans le concret », s’est félicité Dominique Perben, ministre des Transports et de l’Equipement, en présentant hier ce projet de ferroutage. Les remorques seules, sans camion ni chauffeur, seront chargées sur des wagons surbaissés à plancher pivotant construits par l’entreprise alsacienne Modalohr
En fait, le ferroutage est rentable dans deux cas de figure. D’abord pour franchir des obstacles naturels : c’est ce qui a conduit à l’ouverture en 2003 de la ligne Aiton-Turin, longue de 175 kilomètres, pour franchir les Alpes. Sinon, le jeu en vaut la chandelle sur les longues distances comme cette ligne Luxembourg-Perpignan qui ouvrira en 2007. Sur ces mille kilomètres, la prestation de transport sera assurée par la SNCF mais la commercialisation auprès des transporteurs routiers sera confiée à une nouvelle entreprise, Lorry-Rail en cours de constitution. Lorry-Rail sera détenue par les Autoroutes du sud de la France (40% du capital), la Caisse des dépôts et consignation (30%), la SNCF, les Chemins de fer luxembourgeois et Modalohr (10% chacun). Les quatre actionnaires apporteront 10 millions d’euros et Lorry-Rail en empruntera 20 millions. L’argent financera l’achat de 45 wagons à Modalohr et l’aménagement de deux plates-formes pour les accueillir à Bettembourg, au Luxembourg, et à Perpignan. Plusieurs raisons ont dicté le choix de créer une société ad hoc pour exploiter ces mille kilomètres. En prévision, de ce projet, ASF avait d’ailleurs modifié ses statuts en 2004 pour devenir opérateur d’infrastructures de transport. Les actionnaires visent la rentabilité. « Il ne s’agit d’afficher des TRI à l’anglo-saxonne de 20 à 25% mais d’être à l’équilibre dès le début et même de gagner un peu d’argent », souligne Francis Mayer, directeur général de la Caisse des dépôts.
Dans un premier temps, deux trains circuleront chaque nuit et délesteront les autoroutes de la vallée du Rhône de 30 000 poids lourds. Ce qui représente 4% de leur trafic de longue distance. Le prix de 900 euros par semi-remorque a été fixé après à la fois pour établir l’équilibre financier du système sans refroidir ses futurs clients. « Le but des transporteurs, souligne Alain Bréau, président du syndicat professionnels TLF, n’est pas de faire des économies mais que nos remorques voyagent à un coût égal à celui de l’autoroute. » De la réussite de cette première autoroute dépend l’avenir du ferroutage, notamment du projet Paris-Hendaye via Tours