Lundi 13 Juin 2005 : le premier train privé a circulé en France malgré la contestation syndicale

Source : AFP
Publié le 14 juin 2005, mise à jour le 4 juin 2007

Le premier train privé français de marchandises à circuler sur le réseau ferré français depuis l’ouverture à la concurrence du transport international de fret en mars 2003 a quitté la Meuse lundi en direction de l’Allemagne en dépit des protestations syndicales, mettant ainsi fin au monopole de la SNCF sur ce type de transport.

Peu après son départ vers 13H30 de Dugny (Meuse), le convoi composé d’une vingtaine de wagons de chaux vive de CFTA Cargo, filiale de Connex (branche transports de Véolia Environnement), a été stoppé pendant près de quatre heures par 200 à 300 cheminots venus protester contre la libéralisation du trafic ferroviaire et pour la défense des services publics.

Le train a pu repartir vers 17H30 à destination de deux sites sidérurgiques sarrois (Allemagne), après l’intervention de 200 gendarmes mobiles qui ont lancé des gaz lacrymogènes pour dégager la voie.

« On a le coeur gros, c’est plus que de la concurrence déloyale à laquelle nous assistons aujourd’hui. Après le transport de marchandises ce sera le tour des voyageurs et je ne souhaite pas que mes enfants circulent dans des trains Connex » a déclaré à l’AFP Cécile Madaschi, aiguilleur en gare de Reims venue manifester.

« C’est comme si l’on voyait rouler un train anglais sur nos voies avec ce que cela signifie en matière de sécurité », a ajouté la jeune employée de la SNCF.

« On sait que les mécaniciens (conducteurs) de la Connex sont formés en six semaines alors qu’il faut compter six mois pour former le même mécanicien à la SNCF », a déploré pour sa part Bernard Aubin, secrétaire fédéral de la CFTC, avant de regretter le manque d’harmonisation sociale dans laquelle s’est faite l’arrivée d’opérateurs privés dans le secteur.

« En termes de salaires d’embauche, il n’y a pas de différences », a affirmé de son côté Stéphane Richard, directeur général de Connex, précisant que les agents qui devaient conduire les trains étaient des agents tout à fait expérimentés« , qui »ont suivi les mêmes modules de formation« que les conducteurs de la SNCF. »Des rassemblements dans différentes villes de France, des distributions de tracts aux usagers, des conférences de presse auront rythmé ce nouveau temps fort pour s’opposer à la libéralisation du ferroviaire« , s’est félicitée la CGT-cheminots, qui appelle les agents »à s’inscrire dans les initiatives et manifestations interprofessionnelles du 21 juin" prochain.

Plusieurs centaines de cheminots ont manifesté notamment à Paris, à Dijon et à Miramas (Bouches-du-Rhône) où 150 à 200 cheminots se sont rassemblés pour dire que « le libéralisme n’est pas une fatalité », selon Sud-Rail PACA.

A Toulouse, un « concert » de sifflets de locomotives de trois à quatre minutes, « un acte symbolique jamais réalisé depuis la libération de Toulouse » après la guerre a eu lieu à la gare Matabiau, à l’heure même ou démarrait le convoi dans la Meuse, selon la CGT-cheminots régionale.

Pour l’intant, seul le transport international de fret est concerné par la libéralisation européenne, l’ouverture du marché national des marchandises étant prévu pour 2006, avant celui des voyageurs entre 2008 et 2010.

Connex a remporté en 2004 le contrat portant sur le transport de 200.000 tonnes de chaux par an, d’un montant de 10 millions d’euros sur cinq ans, en proposant un tarif « environ 20% moins cher » que la SNCF, selon Alain Declerq, directeur régional de la SNCF Metz-Nancy.

Le chiffre d’affaires de Connex, qui gère déjà plusieurs réseaux de transports urbains de province, s’établit à 3,7 milliards d’euros en 2004 dont 40% réalisés en France.


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