Le projet de traversée des Alpes par ferroutage de navettes Modalohr, techniquement au point depuis trois ans peine à trouver des clients.
Modalohr, wagon surbaissé et articulé, permet le transport de semi-remorques de 4 mètres de hauteur avec un chargement latéral « en épis » des camions, ce qui permet le transbordement simultané et très rapide des véhicules.
Après des débuts prometteurs lors de la phase gratuite de l’expérimentation en novembre 2003, la fréquentation s’est effondrée lorsqu’elle est devenue payante.
Selon les statistiques du ministère des transports, seulement 1.157 poids lourds ont emprunté les navettes en mars dernier entre Aiton (Savoie) et Orbassano (Italie).
Au rythme hebdomadaire de 250 camions, soit environ 12.000 à 13.000 camions par an, on est encore bien loin de la capacité potentielle annuelle estimée par Modalohr à 350.000 poids-lourds.
« Tant que le tunnel existant n’a pas été élargi, seuls les camions-citernes sont admis » sur cette liaison, a noté le ministère des transports en avril dernier pour expliquer le peu de succès du service. « Un camion-citerne sur six emprunte la ligne ferroviaire au lieu du tunnel routier », avait également relevé le ministère.
Mais des études montrent que, actuellement, pour être rentable le ferroutage doit s’effectuer sur plus de 500 km. Ce que confirme Lohr Industrie, pour qui les 175 kilomètres de ligne entre Aiton et Orbassano constituent une distance trop courte pour être rentable. Modalohr « requiert une distance de 500, voire 1.000 kilomètres pour démontrer toute son efficacité » technique et économique, a fait valoir le groupe Lohr, en plaidant pour des liaisons plus longues, entre la Lorraine, l’Italie et l’Espagne notamment.
La société Modalohr, dont la SNCF détient 51 % du capital, le reste étant aux mains de Lohr Industries a obtenu l’homologation de son système de ferroutage en 2003.