La Traversée Centrale des Pyrénées (TCP), projet de traversée ferroviaire destinée au transport des marchandises et nécessitant le percement d’un nouveau tunnel sous la chaîne des Pyrénées, était au cœur des réflexions de la Table Ronde organisée par ACTIVAL samedi soir, à Toulouse.
Le président de l’Amicale des Maires du canton d’Argelès, les association EPINE (contre la variante de la TCP à Hèches-Lannemezan), LEIA (contre l’autoroute transnavarraise), Chiche ! (« Association de jeunes écolos alternatifs et solidaires ») ainsi que Cap 21 (Parti politique de défense de l’environnement de Corinne Lepage), un expert ferroviaire, et un membre du Comité scientifique d’ATTAC ont mis en commun leurs expériences et analyses.
Cette conférence/débat se tenait à un moment crucial : à la veille du sommet bilatéral franco-espagnol prévu le 10 novembre 2005 à Paris, sommet préparé exceptionnellement avec les régions, promoteurs de la TCP, sollicitées le 17 octobre 2005 à Barcelone.
Les intervenants, engagés dans des luttes similaires ou plus globales par leur expérience ont soulevé des questions problématiques :
Qu’en est-il du processus démocratique dans la mise en œuvre des projets d’infrastructure aujourd’hui ?
Quelle stratégie d’aménagement du territoire aiguillonne véritablement les promoteurs de la TCP ?
Peut-on parler de développement durable au sujet de la TCP ?
Quels choix de société suppose une telle infrastructure transcontinentale censée soutenir une croissance exponentielle des trafics de marchandises à travers l’Europe, voire le Monde ?
Au fil des interventions, le défaut de démocratie dans la mise en œuvre des projets d’infrastructure est apparu comme un problème majeur contre lequel se heurtent les citoyens, organisés en associations, qui ne s’attirent qu’indifférence et mépris de la part de leurs représentants politiques.
Les intervenants ont déploré l’ambition déraisonnable des promoteurs qui réclament un tunnel dont l’utilité reste à prouver, en s’appuyant sur des chiffres aberrants concernant les trafics à venir, en négligeant les lignes ferroviaires existantes qui ne sont pas optimisées, en ignorant le désastre que le percement d’un nouveau tunnel infligerait aux vallées pyrénéennes concernées.
Que dire du coût total d’une TCP et de l’axe ferroviaire dont elle n’est qu’un tronçon ? Servant à relier le sud et le nord de l’Europe, la TCP se chiffre déjà à 5 à 10 milliards d’euros : à combien de milliards d’euros se chiffrera l’axe entier ?
En dépit de ces énormes faiblesses, il se pourrait bien que la TCP se réalise comme s’est réalisé le tunnel du Somport, dénoncé jadis par les associations, tenues en mépris par les politiques qui ont saccagé une vallée pour rien, avec un tunnel qu’aucun réseau routier digne de ce nom ne prolonge aujourd’hui.
En appelant à plus de réalisme, puisqu’il est encore temps, les associations ont dû reconnaître que la démocratie participative est encore à conquérir. Solidaires, les intervenants ont pu réaliser qu’ils ne sont plus isolés, ouvrant des perspectives d’actions communes, pour une politique des transports plus raisonnée.
Association Contre le Tunnel Inutile dans les Vallées d’Ailleurs et du Lavedan